Prix du jeune chercheur Les lauréats 2024
Les lauréates 2024
1er Prix – Alice Ouvrier
2ème Prix – Agathe Gaffard
3ème Prix – Nathalie Sanerot
Alice Ouvrier
Titre du projet : Coexistence entre pastoralisme et ours dans les Pyrénées : vers une géographie des relations entre humains et non-humains
Alice Ouvrier est doctorante en géographie de l’environnement à l’université Jean Jaurès, affiliée au laboratoire de géographie de laboratoire de géographie de l’environnement Geode. Depuis 2020, Alice mène un projet de recherche axé sur l’exploration de la relation complexe entre les ours et le pastoralisme dans les Pyrénées françaises, à une échelle micro-locale, examinant comment le retour des ours bruns affecte le partage du territoire. Elle plonge dans les interactions dynamiques entre le paysage et ses habitants, qu’ils soient humains ou non-humains, tels que les ours, les brebis et les chiens de berger, en utilisant une méthodologie diversifiée comprenant des entretiens semi-structurés, l’observation participante et un réseau de 119 pièges photographiques non invasifs. Son objectif est de mieux comprendre comment cette coexistence est vécue au quotidien.
Dans ses recherches, Alice combine l’écologie, la géographie et l’ethnographie, mettant en évidence la nécessité de comprendre les dynamiques locales spécifiques au-delà des généralisations. Elle a découvert que la présence des ours est plus fréquente et répandue que ce que les éleveurs pouvaient estimer sur le terrain, et ses recherches ont révélé des interactions inédites entre ours, brebis et chiens de protection. Reconnue pour son autonomie, sa rigueur et sa ténacité, Alice espère que ses recherches contribueront à une meilleure compréhension et à la gestion des relations entre humains et grands prédateurs, comme les ours, dans les Pyrénées.
Les recherches d’Alice sont importantes car ce conflit entre les ours et les humains est largement médiatisé, suscitant des débats publics enflammés et polarisés. D’un côté, il y a les opposants aux ours, souvent représentés par le milieu pastoral et agricole, qui subissent les prédations et les contraintes qui en découlent, s’opposant ainsi aux plans de réintroduction des ours. De l’autre côté, il y a les partisans des ours, généralement des groupes de conservation, qui prônent la réintroduction sans toujours prendre en compte les facteurs humains, idéalisant la préservation de la nature.
Alice aimerait utiliser la bourse associée au prix pour créer une exposition photographique mettant en lumière le partage des estives par une diversité d’espèces, afin de sensibiliser le public à l’importance de préserver ces écosystèmes fragiles.
Agathe Gaffard
Titre du projet : contamination et effets indésirables des pesticides sur la santé de la faune spécialiste des agroécosystèmes
Agathe est actuellement coordinatrice d’études scientifiques à l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Elle a réalisé sa thèse de doctorat et son premier post-doctorat au Centre d’Etudes Biologiques de Chizé sur les effets des pesticides sur la santé de la perdrix grise.
Dans l’agriculture moderne, la recherche incessante de productivité a remodelé les écosystèmes, entraînant un déclin préoccupant de la biodiversité, notamment parmi les oiseaux des champs, largement attribuable à l’utilisation de pesticides. Les recherches d’Agathe explorent ainsi, la relation entre les pesticides, la biodiversité spécialiste du milieu agricole et le bien-être environnemental. Axée sur la détermination des effets cumulatifs des cocktails de pesticides à faibles doses sur les populations d’oiseaux dans les paysages agricoles, sa recherche va au-delà de l’observation simple.
En utilisant une approche pluridisciplinaire, combinant des études en captivité et des observations sur des individus sauvages in natura, Agathe évalue ces impacts tout en plaidant pour des méthodologies expérimentales éthiquement responsables. Notamment, grâce à des initiatives de biomonitoring, elle contribue à réduire la dépendance à l’expérimentation animale traditionnelle.
Agathe cherche à approfondir notre compréhension des répercussions à long terme des pesticides sur les populations d’oiseaux, en reconnaissant leurs implications plus larges pour la santé des écosystèmes. Elle explore également comment l’agriculture biologique pourrait être un levier d’atténuation à ces effets, visant à trouver un équilibre harmonieux entre la conservation de la biodiversité et la sécurité alimentaire. Ainsi, les recherches d’Agathe éclairent l’élaboration des politiques et encouragent l’adoption de pratiques respectueuses de l’environnement, garantissant la résilience des agroécosystèmes. Son poste actuel à l’Anses lui permet également de suggérer la diminution de l’utilisation de certaines substances actives aux ministères.
Les travaux d’Agathe mettent en lumière la problématique des pesticides et leurs effets néfastes sur la biodiversité, soulignant la nécessité de trouver des solutions durables pour protéger notre environnement.
Nathalie Sanerot
Titre du projet : Proposition de loi : Projet de loi n° 2023-9999 du 31 août 2023 visant à lutter contre les atteintes faites aux mammifères marins lors d’activités humaines
Nathalie, vétérinaire équin formée, a élargi son expertise en suivant un cours de droit animalier dans le cadre du programme de diplôme universitaire à Toulon. Dans le cadre de ce programme, elle a rédigé une thèse portant sur les dommages causés par les activités humaines aux mammifères marins. Son projet vise à mettre en évidence ces impacts, en particulier les effets indirects tels que la pollution sonore, la hausse des températures de l’eau, les changements de pH et la pollution plastique – des facteurs souvent négligés dans les discussions sur le bien-être animal.
Les recherches de Nathalie examinent les lois nationales et internationales pour évaluer leur efficacité à protéger les mammifères marins des menaces induites par l’homme. En utilisant les connaissances scientifiques actuelles, elle illustre les effets néfastes des activités humaines sur ces animaux. Son travail souligne la nécessité de protections légales complètes qui prennent en compte les sensibilités individuelles et les structures sociales des mammifères marins.
Son projet est important car il attire l’attention sur les impacts indirects souvent négligés des activités humaines sur les mammifères marins. Au-delà des actions directes comme la chasse, ces activités peuvent causer des dommages considérables. En comblant le fossé entre les découvertes scientifiques et les cadres juridiques, Nathalie plaide pour des lois qui protègent mieux la faune sauvage en liberté. Cette approche est cruciale pour favoriser une compréhension plus large de la façon dont les activités humaines affectent la biodiversité et la santé environnementale.
Le travail de Nathalie vise à sensibiliser et à informer le public sur les actions qu’il peut entreprendre dans sa vie quotidienne pour protéger les mammifères marins. Elle met également en lumière les actions législatives potentielles que les lois françaises et européennes pourraient mettre en œuvre pour assurer le bien-être des mammifères marins et promouvoir une coexistence durable avec les activités humaines.
Le Jane Goodall Institute France souhaiterait particulièrement remercier Kanto Andrianiaina Ranaivosoa, Kea Pawlak, Laura Casterman, Marianne Bittar et Sally Robinson du MsC In International Sustainability Management de l’ESCP qui ont coordonné cette édition du Prix du Jeune Chercheur.
Pour voir le replay de la conférence de ces 3 lauréates, c’est ici 👇🏽