L’océan n’a jamais été aussi chaud, pollué et dévasté par les pêches industrielles. Les courants océaniques qui dictent la régulation du climat sont à risque d’effondrement. Les canicules marines exposent, les baleines meurent de faim, …
Restaurer la santé de l’océan n’est pas une option mais un impératif.
C’est encore possible mais il faut le faire MAINTENANT.

L’espoir nécessite la réflexion et l’action. Les mots sont puissants et les discours inspirants nécessaires. Plus que jamais il est important pour les jeunes de comprendre ces enjeux, les adresser, élaborer des solutions. C’est ce que font les jeunes de notre programme « Roots & Shoots ».

A l’occasion historique de l’UNOC, la conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC), à Nice, le 12 juin 2025, nous avons organisé un concours d’éloquence pour une Paix Durable.

Les 3 lauréates ont impressionnées par leurs plaidoiries engagées, inspirées et inspirantes le jury et l’audience 👏, dans l’enceinte majestueuse et symbolique de la Baleine.
Elles se sont exprimées sur la thématique suivante  “Pour une paix durable avec l’océan et les espèces marines”.
Le jury, composé de Galitt Kenan, Maud Lelièvre Roxane Batt, Shweta Naik et Laura Paquemar a eu du mal à délibérer tant leurs prestations étaient impressionnantes.

Emma Rambaud a obtenu le 1er Prix.
Zorah El Hachimi le 2nd Prix.
Et Noha Voisin le 3ème Prix.

Félicitations à elles pour leur incroyable engagement !

Le Dr. Jane Goodall a tenu à envoyer un message d’espoir pour l’ensemble du public, nombreux, venu écouter ces jeunes. Et pour les 3 finalistes.

Félicitations aux trois lauréates, si généreuses et solidaires !
Toute la Team Jane est impressionnée par leur talent, leur gentillesse, leur incroyable engagement. Bravo 💪🏽

Pour retrouver la plaidoirie de Emma Rambaud, c’est ici 👇🏼

Emma Rambaud 

 “Pour une paix durable avec l’océan et les espèces marines” 

Mesdames, Messieurs, 

Je voudrais vous emmener quelque part. 

Là où j’ai grandi, en Nouvelle-Calédonie. 

Là où j’ai tout appris sur cette guerre silencieuse. 

Je suis née au bord de l’eau. 

Mes premiers pas, sur le sable. 

Mes premières chutes, dans le lagon. 

Et je rendrai sans doute mon dernier souffle à cette même mer qui m’a portée. 

Mais aujourd’hui, chez moi, 

Il y a une guerre lente, discrète. 

Bien réelle. 

Ma maison se fait dévorer. 

Trente centimètres par an. 

Cinquante, les années de cyclone. 

Cette guerre, ne s’arrête pas à ma barrière. 

Elle grignote les deltas, engloutit les rivages, 

noie les terres des peuples insulaires, 

et chaque vague, silencieuse, trace une ligne de front. 

Cette guerre-là, 

c’est notre troisième guerre mondiale. 

Silencieuse. 

Inavouée. 

Mais déjà en marche. 

Alors, cette paix, je la veux. 

Pour moi, égoïstement. 

Mais surtout, pour toutes les formes de vie que l’océan abrite et que nous trahissons. 

Cette paix semble pourtant si lointaine quand on nous observe un instant. 

Nous qui savons tout, nous ne faisons rien. 

Nous qui voyons tout, nous fermons les yeux. 

Nous qui entendons tout, nous restons sourds. 

Nous nous réjouissons que la mer soit à 30°C à Bora Bora, 

sans jamais nommer le drame : les coraux glissent vers le trépas. 

Nous faisons un post, ‘choqués’, le jour du dépassement, 

puis craquons pour un vêtement venu du bout du monde… étonnamment.  

Nous laissons les chalutiers racler le fond de nos océans, 

et de nos âmes. 

Nous nous indignons devant le huitième continent, 

les bras chargés d’oubli, dans nos sacs transparents. 

Nous trions pour la pose, nous posons pour la cause 

mais face à l’urgence, nous restons en pause. 

Et dans cent ans, nous dirons qu’on savait, qu’on pouvait 

et qu’on ne l’a pas fait. 

Ne nous résignons pas pour autant. 

Car si nous savons être aveugles, nous savons aussi être visionnaires. 

Il est temps d’arrêter d’endormir nos consciences avec de jolis mots. 

Il est temps de se réveiller. 

Parce que cette guerre silencieuse a des victimes. 

Parce que cette 3ème guerre mondiale, nous sommes en train de la perdre. 

Alors laissez-moi vous emmener faire le tour du monde. 

Vous montrer que partout, des hommes et des femmes écrivent déjà cette paix. 

Dans les cinq océans, des éclats d’espérance brillent. 

Fugaces. Profonds. Puissants. 

Dans les glaces de l’Arctique, les Inuits vivent avec leur temps, notre temps. 

Ils prennent ce que la survie réclame, 

et laissent à la mer ce qu’elle leur a prêté. 

Dans l’océan Austral, des scientifiques tracent des traités de paix sur la banquise, 

alliant la loi à la vie pour préserver ce monde invisible. 

Sous le soleil de l’océan Indien, 

Madagascar ferme certaines zones à la pêche, 

pour mieux les rouvrir demain. 

Et les poissons, reconnaissants, reviennent. 

Dans l’Atlantique, les arbres sont plantés comme des drapeaux d’espoir. 

Les racines percent alors le sel, 

et les mangroves renaissent. 

Et dans le Pacifique; mon Pacifique, 

Ma Calédonie a dit non. 

Non aux forages des abysses. 

Un moratoire d’un demi siècle comme un serment : la paix commence par le silence… qu’on laisse à notre océan. 

Ces gestes, ces victoires locales, nous prouvent une chose essentielle : c’est possible. 

Oui, dans chaque océan, des peuples se dressent. 

Ils ne crient pas. 

Ils agissent. 

Leurs gestes sont modestes mais lumineux. 

Et ils dessinent déjà, morceau par morceau, un monde en paix. 

Une vague seule ne fait pourtant pas la marée. 

Et un unique récif restauré ne sauvera pas la planète. 

Alors la question qui nous brûle tous les lèvres : 

Que faire ? Comment, nous aussi, être des artisans de cette paix ? 

La réponse tient en un mot : agir. 

Il nous faut des actes. 

Concrets. Locaux. Réplicables. 

Créer plus d’aires marines réellement protégées. 

Soutenir la pêche durable, et former les jeunes aux métiers de la mer. 

Déployer des stations de dépollution avant que les fleuves ne vomissent leurs plastiques dans les océans. 

Et surtout, écouter. 

Écouter les peuples de l’eau. 

Leurs savoirs, leurs traditions, leurs alertes. 

Parce que la paix ne se décide pas à New York, Paris ou Genève, 

elle se construit dans chaque village côtier, 

et dans chaque coeur qui choisit de protéger. 

C’est pourquoi aujourd’hui, devant vous, je ne tiens pas un discours. 

Je tends un recours. 

Non pas un voeu pieux mais un voeu précieux. 

Un voeu d’océan vivant, 

un voeu de paix incarnée qui ne soit plus mensonge sur panneau 

mais promesse tenue dans chaque geste, chaque bateau. 

Car l’océan n’attend pas qu’on le sauve. 

Il exige qu’on se sauve. 

Il n’a pas besoin de nos larmes 

mais de nos armes : nos choix, nos voix, nos lois. 

Alors ce changement, ce n’est pas une vague isolée. 

Ce changement, 

c’est une marée qui commence. 

C’est toi. 

C’est moi. 

C’est nous, et cette fois, plus rien ne la retiendra.