Nous sommes ravis d’annoncer que le Dr Jane Goodall rejoins la nouvelle initiative des Gardiens de la planète, les « Planetary Guardians “qui vise à protéger notre planète.
Les limites planétaires : un cadre pour informer et agir
Ils établiront un bilan de santé annuel des frontières planétaires, afin que nous puissions tous mieux comprendre notre situation, ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Un sujet au cœur de l’actualité alors qu’il y a une semaine à peine une étude scientifique publiée annonçait que la 6ème limite planétaire sur 9 était désormais officiellement dépassée…
Quelles sont les limites planétaires ?
Le concept de « limites planétaires » permet de définir le planetary playing field (« terrain de jeu planétaire ») dans les limites duquel l’humanité pourrait vivre en sécurité, du point de vue de la durabilité des ressources naturelles et des services écosystémiques.
Élaboré pour la première fois en 2009 par une équipe internationale composée de 28 scientifiques de renommée mondiale et dirigée par le professeur Johan Rockström du Centre de résilience de Stockholm, le cadre des limites planétaires identifie neuf systèmes critiques nécessaires pour déterminer la santé de notre planète.
Du changement climatique à l’utilisation de l’eau douce, de la perte de biodiversité à la pollution chimique et à la libération de nouvelles entités, ces limites définissent ce que M. Rockström appelle « l’espace de fonctionnement sûr » de l’humanité. Si l’on s’écarte trop de ces limites, on risque de causer des dommages irréversibles aux écosystèmes mêmes qui entretiennent la vie.
Il ne s’agit pas d’un alarmisme abstrait.
Nous avions dépassé 3 limites en 2009.
Puis 4 limites en 2015.
Et depuis cette année : 6 limites ont été dépassées …
(voir l’étude scientifique : https://www.stockholmresilience.org/research/research-news/2023-09-13-all-planetary-boundaries-mapped-out-for-the-first-time-six-of-nine-crossed.html)
6 limites planétaires ont déjà été franchies, 3 sont encore non franchies
Les six limites planétaires franchies
- Réchauffement planétaire : c’est le changement climatique, et la concentration en CO2 dans l’atmosphère. La limite est fixée à 350 ppm, mais est actuellement à 415 ppm.
- L’intégrité de la biosphère : il s’agit notamment de l’état de la biodiversité. Le taux d’extinction « normal » est 10 espèces sur 1 million par an. Le taux actuel est de 100 à 1 000 espèces sur 1 million par an. C’est ce qu’on nomme la 6ème extinction de masse.
- Les cycles biochimiques de l’azote et du phosphore : le phosphore et l’azote sont des éléments essentiels à la vie. Les activités humaines, aujourd’hui, perturbent leurs cycles naturels, ce qui entraîne des conséquences desastreuses : anoxie des océans, eutrophisation des eaux douces continentales, prolifération d’algues vertes.
- Modification de l’usage des sols : c’est la transformation ou la destruction de milieux naturels (ou semi-naturels) comme les forêts et les prairies, en particulier au profit de terres agricoles. Cela fait référence, notamment, à la déforestation. En 2015, plus que 62 % des terres forestières sont encore boisées. La limite était de 75 %.
- Pollution chimique (ou introduction de « nouvelles entités » perturbatrices dans l’environnement) : métaux lourds, composés synthétiques, perturbateurs endocriniens, etc., qui polluent l’environnement au sens large. Cette limite a été dépassée en 2022.
- L’eau douce : la limite est fixée 4 000 kilomètres cubes par an en consommation des ressources en eaux de ruissellement. En 2022, la limite a été franchie pour l’eau verte et en 2023 celle relative à l’eau bleue.
3 limites planétaires ne sont pas encore franchies
- La couche d’ozone
- L’acidification des océans
- La concentration en aérosols atmosphériques
Pour aggraver les choses, l’interconnection des frontières planétaires signifie que la détérioration de l’une d’entre elles peut déstabiliser les autres, déclenchant une réaction en chaîne de dégradation de l’environnement et d’autres impacts négatifs sur les communautés, frappant souvent le plus durement ceux qui n’ont pas causé le problème
Les limites planétaires mettent en exergue une situation inquiétante … mais il y a de l’espoir
L’un des intérêts du concept des limites planétaires réside dans sa capacité à tirer la sonnette d’alarme, en proposant une feuille de route pour rester dans les limites de notre planète. Car il est essentiel de comprendre et de préserver ces limites.
C’est pour cela que s’est créée l’initiative « les gardiens de la planète ». Un collectif indépendant qui vise à faire des limites un cadre de mesure essentiel pour informer l’action collective mondiale. Les Gardiens demanderont ainsi au Conseil de sécurité des Nations unies, au G7 et au G20, aux organisations multilatérales et aux gouvernements d’utiliser les frontières planétaires comme cadre de mesure et de risque pour la coordination internationale, y compris la responsabilité à l’égard des accords existants tels que le traité sur la haute mer, l’accord de Paris et l’accord mondial sur la biodiversité.
En partenariat avec des plateformes telles que l’initiative de Bridgetown, dirigée par le Premier ministre de la Barbade, Mia Mottley, avec entre autres Juan Manuel Santos, l’ancien président de la Colombie, Robert Redford, ce collectif espère également contribuer à réformer l’architecture financière internationale afin d’adopter une vision planétaire, de tenir compte de la science et de la valeur réelle de la nature, et d’augmenter de manière significative le financement de l’adaptation, de l’atténuation et du développement sans alourdir le fardeau de la dette pour les économies émergentes.
Les gardiens de la planète établiront un bilan de santé annuel des frontières planétaires, afin que nous puissions tous mieux comprendre notre situation, ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
En fournissant une évaluation régulière et complète de l’état des systèmes terrestres, ils permettront de suivre les changements, mesurer les risques, identifier les actions urgentes, développer des solutions et évaluer nos progrès.Ils chercheront à inspirer de nombreux autres gardiens planétaires, unis dans un engagement commun à restaurer un partenariat sain avec la planète.