En 2020, le pôle scientifique du Jane Goodall Institute France a décidé de mettre un en place un prix afin de mettre à l’honneur 3 chercheuses ou chercheurs et leurs projets et/ou recherches menés sur la relation Homme-animal.

L’objectif est de venir confirmer l’excellence des travaux d’étudiants à l’aube de leur carrière scientifique, de leur offrir une aide financière afin de poursuivre leurs recherches et permettre une meilleure visibilité de leurs travaux.

Comme l’année passée, nous avons reçu de nombreuses candidatures à la fois variées et passionnantes. Le choix fut difficile et c’est pourquoi cette année ce ne sont pas 3 mais 4 jeunes chercheuses (deux ex-aqueo pour le troisième Prix) qui sont récompensées.

LES LAURÉATS

Voici les lauréates récompensées lors de la deuxième édition du Prix du Jeune Chercheur du Jane Goodall Institute France suite au vote des membres du Jury:

  • 1er Prix : Eva Gazagne
  • 2ème Prix : Agathe Serres
  • 3ème prix ex-aequo : Laurie Patouillat
  • 3ème Prix ex-aequo : Emilie Rojas

Les membres du jury ayant évalué les projets sont :

  • Dr. Bruno Pelletier, docteur vétérinaire, responsable du pôle scientifique du Jane Goodall Institute France
  • Dr. Florence Ollivet Courtois, docteur vétérinaire, spécialiste de la faune sauvage
  • Cyril Dion, poète, écrivain, réalisateur et activiste environnemental
  • Pr. Jean-Francois Courreau, enseignant-chercheur, écrivain et Président de Faune-Alfort
  • Le pôle scientifique du Jane Goodall Institute : Morgane Allanic, Ignacio Avellino, Manon Brun, Charles Duke, Fiona La Mendola, Marion Laporte, Noella Lefebvre, Marie Lebrazidec et Carol Saez
  • Galitt Kenan, Directrice du Jane Goodall Institute France

Nous aurons le plaisir de vous présenter les lauréats ainsi que leurs projets au sein de courtes vidéos et d’articles mis en ligne sur notre site Internet et diffusés sur nos réseaux sociaux. Vous pourrez également découvrir leurs travaux et échanger avec eux lors des conférences digitales de Jane qui reprendront courant de l’année 2022. Nous vous tiendrons informés !

PRÉSENTATION DES LAURÉATES ET DE LEURS PROJETS

EVA GAZAGNE

Eva Gazagne Lauréate du Prix Jeune Chercheur du Jane Goodall Institute France

Eva Gazagne est post-doctorante en Biologie du Comportement à l’Université de Liège. Passionnée depuis toujours par les primates et les études de terrains, elle possède une vision novatrice et transdisciplinaire de la primatologie au sein de laquelle les connaissances fondamentales des primates représentent la clé de voûte de leurs stratégies de conservation.

Elle innove perpétuellement, notamment dans le développement des méthodes de suivi le moins invasives possibles, et propose d’ailleurs une nouvelle méthodologie qui utilise la surveillance à l’aide de drones d’imagerie thermique applicable à d’autres sites d’études.

Son projet de post-doctorat intitulé « Méthodes non-invasives de monitoring des communautés de primates et de leur fonctionnement écologique grâce à l’imagerie thermique avec drone » est donc particulièrement porteur, pointu et innovant. Il vise non seulement à proposer une méthodologie solide pour tester la fiabilité du drone à imagerie thermique pour faire l’inventaire et le suivi de communautés de primates mais il répond aussi à une nécessité urgente de déterminer l’abondance et distribution d’espèces « clé de voûtes » menacées dans des zones très peu monitorées en Asie du Sud-Est.

Ses recherches sont menées au sein du parc National de Cat Tien au Vietnam, et concernent une communauté de sept espèces de primates diurnes menacés (dont le douc à pattes noires en danger critique d’extinction et le gibbon à joues jaunes en danger d’extinction).

A terme, cette technique prometteuse d’utilisation de drones avec capteurs thermiques pourra permettre de proposer des méthodes robustes de monitoring des populations de primates dans des forêts difficiles d’accès, ou des sites d’études où le risque de transmission de maladies entre humains et primates est trop élevé.

AGATHE SERRES

Agathe Serres Lauréate du Prix Jeune Chercheur du Jane Goodall Institute France

 Agathe Serres est post-doctorante à l’Institut des Sciences et Ingénierie des profondeurs sous-marines à Sanya en Chine. Très intéressée par la relation Homme-animal et en particulier le bien-être animal et la conservation des espèces menacées, elle étudie l’impact des activités humaines sur le dauphin blanc de Chine (Sousa chinensis) et participe à la création d’un outil d’évaluation de leur bien-être.

Le dauphin blanc de Chine (Sousa chinensis) est une espèce côtière et sédentaire qui vit en mer de Chine du Sud où elle côtoie l’Homme de près. La pollution, les constructions et la surpêche menacent l’espèce qui risque de disparaître si rien n’est fait. Plusieurs populations sédentaires de dauphins vivent dans différents endroits plus ou moins impactés par les activités humaines.

L’impact des activités humaines sur les cétacés en général a été récemment beaucoup étudié et il a été montré que ces animaux modifiaient leur comportement et leurs vocalisations à cause de ces activités. Mais une telle étude n’a encore jamais été conduite sur les dauphins blancs de Chine.

Le but de son étude intitulée « Etude de l’impact des activités humaines et création d’un outil d’évaluation du bien-être des dauphins blancs de Chine » est donc de comprendre l’influence des activités humaines sur le comportement et les productions acoustiques de ces animaux mais aussi de tenter de développer un outil renseignant sur le bien-être de ces animaux.

Les résultats de ce type d’étude permettraient de mieux comprendre l’impact de l’Homme sur ces animaux, de trouver des solutions pour faciliter la cohabitation Homme-dauphin et de participer à la conservation de cette espèce.

LAURIE PATOUILLAT

Laurie Patouillat Lauréate du Prix Jeune Chercheur du Jane Goodall Institute France

Laurie Patouillat est Doctorante en Primatologie à l’Université de Liège.
Dans le contexte actuel de crise sanitaire, son projet de recherche intitulé «« Agents pathogènes infectieux zoonotiques chez les macaques urbains ; analyser les facteurs de risque d’infection et prévoir la transmission entre espèces » répond à un enjeu majeur qui consiste à identifier les potentiels réservoirs zoonotiques au sein de la faune sauvage, en l’occurrence les primates, afin d’analyser, de prédire et de prévenir les risques infectieux pouvant mener éventuellement à des épidémies.
Laurie s’intéresse particulièrement aux pathogènes infectieux avec un potentiel zoonotique (i.e. transmission de la faune sauvage à l’Homme et inversement) chez les macaques urbains en Indonésie, vivant en étroite interaction avec l’Homme. Ce type de données étant cruellement manquantes, en particulier en Asie du sud-est, cette recherche répond à la fois à des enjeux en termes de santé publique mais aussi de conservation des primates dont de récentes études montrent qu’une large partie des espèces sont par exemple susceptibles de contracter le Sars-Cov-2.
Dans le cadre d’une approche One Health, ce projet de doctorat participera donc aux connaissances utiles à la mise en place de plan de conservation efficace de cette espèce de macaque classée vulnérable par l’IUCN, vivant en interface avec l’Homme et régulièrement menacée par des conflits Homme/faune sauvage.

EMILIE ROJAS

Emilie Rojas Lauréate du Prix Jeune Chercheur du Jane Goodall Institute France

 Emilie Rojas est Doctorante en éco-acoustique à l’université de Jean-Monnet à Saint-Etienne. Elle étudie l’effet de la pollution sonore liée aux activités humaines sur les communautés aquatiques (vertébrés et invertébrés) en eau douce.

De plus en plus d’études se concentrent sur les effets du bruit en milieu marin, cependant l’eau douce regroupe plus de 100 000 espèces, qui sont malheureusement en déclin depuis de nombreuses années tandis que les activités humaines ne sont que croissantes au niveau de ces écosystèmes. En effet, avec l’essor du commerce fluvial, de la pêche et des activités nautiques, les écosystèmes aquatiques sont soumis à de nouvelles pressions environnementales : les pollutions sonores d’origine anthropique.
Comment réagissent les communautés aquatiques face à ce stress ? Cela engendre-t-il des changements dans la mobilité, l’alimentation ou encore la distribution spatiotemporelle des individus et altère le fonctionnement des écosystèmes ?
Les recherches d’Emilie intitulées « Pollution sonore et invasion biologique ; réponse multi-échelle aux communautés aquatiques » ont pour vocation de comprendre les conséquences des activités humaines sur les communautés aquatiques d’eau douce, où des espèces locales et étrangères coexistent. Les activités humaines perturbent acoustiquement les milieux aquatiques mais sont également responsables de l’introduction de nombreuses espèces envahissantes, devenues invasives grâce à une grande adaptabilité, qui contribuent à l’érosion de la biodiversité. C’est pourquoi la notion d’espèces invasives est inclue dans ce projet, afin de comprendre la réponse globale des communautés aquatiques au stress acoustique.