Que l’on soit en voyage dans un lieu qui ne nous est pas familier, ou en week-end à proximité de chez soi, photographier un animal sauvage nécessite d’être vigilant et conscient de ses actes.

En effet, dans le meilleur des cas, le sujet de toutes les attentions est en liberté dans son environnement naturel. On voit toutefois souvent débarquer des hordes de touristes ou observateurs bruyants, tentant de s’approcher au plus près des animaux, mitraillant leurs moindres mouvements, et laissant sur place toutes sortes de traces tenaces de leur passage. Parfois même, des compagnies peu scrupuleuses vont jusqu’à appâter les animaux, afin de s’en approcher au plus près et de réaliser “LA” photo. Tous ces comportements ont néanmoins un impact non négligeable sur les animaux, les perturbant dans leur milieu naturel.

Le tourisme animalier et ses dérives

Malheureusement, afin d’assouvir les envies insatiables de certains touristes, il arrive régulièrement que les animaux soient retirés de leur habitat afin d’être l’objet des fameux “selfies de vacances” que l’on voit fleurir sur les réseaux sociaux toute l’année. Tous les animaux y passent, des guépards aux lionceaux, en passant par les chimpanzés.

Ce que l’on sait moins – ou que l’on ne veut pas voir -, c’est que pour les extraire de leur milieu et faire taire leur instinct sauvage en public, ces animaux font l’objet de maltraitance, stress et blessures : on leur arrache les dents, les griffes, on les drogue pour qu’ils soient plus dociles… Et ces sévices peuvent aller jusqu’à causer leur mort. Tout ça pour un selfie. D’après l’ONG World Animal Protection, c’est ainsi plus de 110 millions de personnes qui contribuent à cette entreprise et 550 000 animaux sauvages qui seraient exploités à cette fin.

Gremlin and her son Gizmo in Gombe National Park, Tanzania

Une prise de conscience générale est donc nécessaire, indispensable, urgente.

La nécessité d’une charte photographique

Pour se faire, dès 2021, IFAW avait partagé les règles essentielles à respecter par les photographes afin de protéger l’environnement et les animaux à travers une charte de la photo animalière. L’objectif était ainsi de promouvoir une pratique de la photo animalière éthique et sans conséquence néfaste pour la vie sauvage, d’encourager les photographes à s’engager concrètement et de sensibiliser le grand public.

Le jeudi 12 mai, un collectif de photographes naturalistes professionnels, vétérinaires, avocats et institutions scientifiques ont publié une tribune dans le journal le Monde, que le Jane Goodall Institute France soutient et a signé.

Celle-ci vise également à promouvoir et sensibiliser à l’importance d’une photographie du vivant éthique et responsable. Elle a pour but de convenir d’une charte officielle du secteur des photographes professionnels animaliers, et de sensibiliser les photographes amateurs.

Pour que des règles comme ne pas prendre de selfie, être silencieux et discret, se renseigner sur les comportements des animaux, maintenir une distance, ou encore ne pas nourrir ou manipuler des animaux, deviennent naturelles et soient connues et respectées de tous.

Ces règles si élémentaires sont pourtant nécessaires, dans un monde où la disparition du vivant fait les gros titres de l’actualité et où le trafic des animaux sauvages prend chaque jour plus d’ampleur. Car continuer à ne pas les respecter, c’est encourager un peu plus cette criminalité. Il est essentiel de pratiquer la photographie de manière éthique et responsable, ainsi vous participez à la protection des animaux sauvages, afin qu’ils restent #ForeverWild

Pour aller plus loin, découvrez notre campagne de lutte contre le trafic illicite des animaux sauvages, ForEver Wild, sur le site internet du Jane Goodall Institute.

Retrouvez ici La Tribune signée par le Jane Goodall Institute France publiée dans le Journal Le Monde. Elle s’inscrit dans le prolongement de la conférence organisée par la Commission ouverte du Barreau de Paris « Animaux et Droits » présidée par Marie-Bénédicte DESVALLON