Les lauréates 2023

1er Prix – Alice Bernard

2ème Prix – Pauline Delahaye

2ème Prix -Manon Brun

3ème Prix – Laura Lacomme 

Alice Bernard

Le sujet de thèse d’Alice Bernard illustre parfaitement les enjeux de la conservation de la biodiversité dans un monde où l’emprise humaine est omniprésente, dans l’Anthropocène.

En effet, Alice Bernard essaie de comprendre ce qui permet à des espèces de grands mammifères de persister dans des mosaïques paysagères façonnées par les activités humaines, et d’identifier les pratiques ainsi que les attitudes des habitants de ces paysages qui favorisent une coexistence entre les humains et la faune sauvage.

Le terrain de sa thèse se déroule en Afrique du Sud, dans la Garden Route, et requiert une diversité d’aptitude, allant de la pose de pièges photographiques, à la collecte de données environnementales et un excellent relationnel pour pouvoir bénéficier du soutien des propriétaires privés comme des agents du parc national. Alice a notamment développé un questionnaire en ligne pour recueillir des informations de la part de plus de 200 résidents, a fait plusieurs présentations orales de son projet et de ses résultats auprès de la société civile.

Elle fait sa thèse au laboratoire de recherche international REHABS, qui est le fruit d’un partenariat qui a débuté fin 2019, entre l’Université de Lyon 1, le CNRS et l’Université Nelson Mandela en Afrique du Sud, axé sur le fonctionnement de l’interface entre les aires protégées et les paysages voisins, ainsi que la coexistence homme-faune.

Elle souhaite mettre en lumière les disciplines de l’écologie et de la conservation, qui sont des enjeux majeurs et incontournables du 21e siècle. Elle souligne aussi l’intérêt de travailler sur des solutions de coexistence durable entre les hommes et la faune sauvage et d’élaborer de nouveaux modèles de conservation afin d’obtenir des solutions complémentaires aux aires protégées contre l’érosion de la biodiversité. Car, explique-t-elle, « il est indispensable de co-construire des solutions de coexistence et de conservation avec les personnes qui vivent avec les espèces que l’on souhaite protéger, dont ils partagent le même territoire de vie. Il est primordial de co-concevoir des politiques de conservation avec les acteurs locaux pour que celles-ci intègrent leurs besoins, leurs compétences, leurs capacités adaptatives pour qu’elles soient efficaces sur le long terme».



Le continent Africain regroupe des enjeux sociaux et économiques et une biodiversité riche. En 2050, 35% de la jeunesse mondiale sera africaine. Il est donc important de positionner l’Afrique au cœur de la problématique de conservation et de préservation de la biodiversité. Les travaux de Alice Bernard permettent d’impliquer les acteurs locaux au processus scientifique pour comprendre comment les mammifères trouvent leur place dans les paysages anthropisés, et à terme développer des solutions pérennes et viables de coexistence avec les espèces sauvages, afin de concilier conservation de la biodiversité, activités économiques durables et bien-être des populations.

Une approche en totale alignement avec la philosophie du Dr. Jane Goodall et avec lequel le Jane Goodall Institute, sur le terrain, en Afrique, agit.

Nous sommes fiers que Alice Bernard soit lauréate (1er prix) du Prix du Jeune Chercheur du JGI France.

Pauline Delahaye

Pauline Delahaye a fait preuve, tout au long de ses études, de rigueur, méthode, et également d’inventivité. Elle a rédigé une thèse novatrice, pointue et interdisciplinaire sur le sujet des émotions animales et la nécessité de l’évolution de nos regards/traitements à l’égard des autres espèces animales. Cette thèse a fait entrer les animaux en sciences du langage : la première thèse française en Zoosémiotique


Puis, elle a mené un projet sur la cohabitation entre humains et rats à Paris. Ce projet, mené seule et sans financement, montre déjà sa détermination qui explique une partie de son succès. Ces recherches ont abouti à une publication scientifique et l’obtention d’une bourse postdoctorale pour exporter la méthodologie du projet en Estonie. Ainsi, son expertise est déjà reconnue sur le plan international. 

Etudier, diagnostiquer et solutionner les problèmes de cohabitation entre humains et animaux liminaires est un enjeu majeur à la fois de protection de la vie et de la biodiversité animale, et à la fois de développement humain. 

Des premiers résultats ont montré que différents types de problèmes pouvaient être mis au jour par cette méthodologie mixte et interdisciplinaire, qui échappaient souvent jusque-là au diagnostic standard.

Pauline Delahaye est un membre actif et impliqué de la Société Française de Zoosémiotique, fondée par Astrid Guillaume, à travers laquelle elle participe à la transmission des savoirs au grand public et à la mise en relation de chercheurs et de spécialistes de domaines variés. 
L’envie de partager, de transmettre, d’aller plus loin !Le Jane Goodall Institute France qui l’avait reçu en 2019 pour une conférence est ravi que Pauline Delahaye soit lauréate (2ème prix ex-aequo) du Prix du Jeune Chercheur du JGI France.

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Manon Brun

Etudiante en dernière année de Master d’Ecophysiologie, Ecologie et Ethologie, elle mène un projet de recherche au sein de l’association de Vulgarisation et d’Initiatives en Ethologie, qui s’inscrit dans l’étude participative « Le Patou ne fait pas tout ». 

Cette étude porte sur l’observation et l’analyse des comportements sociaux et spatiaux des chiens de protection de troupeaux. L’objectif, d’ampleur nationale, est de poser des bases communes d’interprétation des comportements des chiens de protection dans leur contexte agro-pastoral et multi-usage local grâce à une démarche scientifique. Manon cherche spécifiquement à tester l’aptitude des chiens à la protection face à des indices de présence d’un prédateur comme le loup. Son protocole vise ainsi à évaluer leur réactivité, leur capacité de discernement, et quantifier leurs comportements de protection. Cela permettra d’améliorer la compréhension des comportements des chiens de troupeau. A terme, cela aidera à un meilleur conseil quant au choix, à l’éducation et à la sélection des chiens de protection en fonction du contexte de prédation et des besoins des éleveurs. Car des chiens de troupeau bien sélectionnés et adaptés à chaque contexte pourraient être le lien manquant entre les acteurs locaux et notre faune sauvage.

Des recherches qui permettront de répondre à la fois à un enjeu environnemental et social fort. En effet, en participant à mieux comprendre et à améliorer l’efficacité de la protection des troupeaux via les chiens gardiens de troupeau, cela permet de réduire les risques de déprédation des troupeaux, et à termes d’apaiser le conflit entre l’Homme et les grands prédateurs. De ce fait, la coexistence avec le vivant, et notamment le loup, peut être améliorée et se pérenniser. La mise en place de mesures de protection et de conservation des grands prédateurs serait alors moins difficile, participant ainsi à aider les humains et les autres animaux à mieux vivre ensemble.

Un sujet particulièrement cher à Manon Brun. Qui le traite avec rigueur et ouverture d’esprit. Curiosité et implication. Elle a fait de la cause animale une de ses préoccupations principales et a démontré un engagement très fort pour la défense des droits des animaux et de leur bien-être tout au long de son parcours universitaire. Le Jane Goodall Institute le sait bien, puisque Manon Brun est bénévole au sein de l’Institut depuis des années. Nous sommes fiers que Manon Brun soit lauréate (2ème prix ex-aqueo) du Prix du Jeune Chercheur du JGI France. 

NDLR : tout vote d’un membre du jury qui connaissait Manon Brun n’a pas été pris en compte

Laura Lacomme

Laura Lacomme participe à des projets de conservation de la faune sauvage en Afrique et en Asie du Sud-Est depuis 2018. Ingénieure agronome de formation, ayant travaillé dans le conseil en entreprise et en ONG, son expérience pluridisciplinaire l’a conduite à développer un projet de thèse à la croisée de la biologie de la conservation et de la socio-écologie. 

Doctorante à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et affiliée à l’Université Nelson Mandela en Afrique du Sud, elle travaille aujourd’hui sur l’éléphant d’Afrique. Son projet de recherche vise à intégrer des indicateurs de bien-être et de qualité de vie des éléphants dans les décisions de gestion des aires de conservation en Afrique du Sud. 

Son travail sur les éléphants et leur conservation s’inscrit dans un itinéraire individuel passionné de ces pachydermes, ainsi qu’un goût prononcé pour le travail de terrain et l’observation comportementale. Elle combine des outils de la physiologie et de l’écologie comportementale pour caractériser le bien-être et la santé des éléphants dans les réserves naturelles et parcs nationaux d’Afrique du Sud. De plus, elle adopte une approche socio-écologique afin d’appréhender la robustesse des méthodes de conservation dans un monde bouleversé par des changements climatiques et sociaux. 

Ce sujet requiert une compréhension approfondie des logiques de gestion des aires protégées, ainsi qu’une forte capacité de terrain pour récolter des données de manière non-invasive sur le comportement, la condition corporelle, le parasitisme interne et le taux de glucocorticoïdes, un indicateur hormonal de stress.  

Souhaitant que son projet de recherche éveille à de véritables considérations éthiques dans les stratégies de gestion des éléphants en Afrique du Sud, elle a par exemple développé une méthode pratique pour quantifier le taux d’hormone de stress chez les éléphants sur le terrain. Cette méthode alternative fournit aux gestionnaires un outils efficace de surveillance du bien-être de leurs éléphants.

Elle souhaite partager ses recherches et diffuser ses résultats auprès d’un large auditoire en participant à des conférences et en promouvant la recherche scientifique pluridisciplinaire, laquelle lui semble fondamentale pour bâtir une vision moderne de la conservation des espèces sauvages. Cette approche holistique et globale est au diapason des recherches et des projets de terrain du Jane Goodall Institute France. 

Nous sommes ravis que Laura Lacomme soit lauréate (3ème prix) du Prix du Jeune Chercheur du JGI France.