L’eau est un bien public qui répond à des besoins sociaux et économiques en plus de jouer un rôle crucial dans le maintien des écosystèmes naturels. Dans de nombreux lieux en Afrique où le Jane Goodall Institute opère, la rareté croissante de l’eau est exacerbée par la croissance démographique rapide, l’immigration, la dégradation de l’environnement, l’expansion agricole et la mauvaise gestion des ressources en eau.

Ces lieux sont confrontés à des défis majeurs qui appellent une nouvelle approche de la gestion des ressources en eau. L’eau est une ressource ayant de nombreux usages et utilisateurs concurrents et nécessite donc un cadre complexe et à plusieurs niveaux qui facilite la prise en compte des interconnexions
entre les cadres écologiques, environnementaux, économiques et sociaux.

L’exemple de l’Ouganda, et plus particulièrement de la région du Rift Albertine

Contexte

Les forêts le long des berges ont été coupées et transformées en terres agricoles, ce qui a eu plusieurs impacts sur l’environnement local. Cela a dégradé les berges, provoquant leur érosion, et élargissant les rivières tout en les rendant moins profondes. L’élargissement de la rivière et l’échauffement des environs de la rivière causés par la déforestation font que les rivières évaporent de plus grandes quantités d’eau. Les éleveurs permettent à leurs bovins de brouter et de boire des terres humides. Les terres humides sont souvent transformées en terres agricoles, ce qui entraîne directement un manque d’accès aux services qu’elles offrent aux gens. Les terres humides fonctionnent également comme une éponge : elles ont la capacité de stocker de grandes quantités d’eau. Elles ont une fonction importante pour stabiliser l’impact des inondations pendant la saison des pluies, et servent également de réservoirs d’eau pendant les périodes sèches.

En raison de leur empiètement continu et de leur détérioration, les rivières de cette région se dessèchent plus rapidement pendant les saisons sèches et les récoltes diminuent en raison de la déshydratation du sol autour des rivières.

Un autre problème majeur dans la zone cible est la pauvreté, qui a un lien évident avec la dégradation des ressources naturelles. Bien qu’il y ait une croissance économique rapide et une classe moyenne en développement dans les zones urbaines, les niveaux de pauvreté sont les plus élevés dans les zones rurales où les communautés dépendent le plus de l’exploitation directe des ressources naturelles pour leur survie et leurs moyens de subsistance. Les inégalités, conjuguées au manque d’options de rechange, poussent les collectivités à utiliser des pratiques d’exploitation des ressources non durables, qui menacent les sites, les espèces et l’intégrité des écosystèmes.

L’impact du changement climatique sur le développement humain et économique dans les régions du rift d’Albertine en Ouganda s’accroît. La zone devrait devenir plus chaude et plus sèche au cours des 20 prochaines années ; ce qui induirait une augmentation des feux de forêt et la réduction de cultures. Les pluies de plus en plus imprévisibles et les périodes de sécheresse plus longues menacent sérieusement le gagne-pain de ces collectivités.

La dégradation des cours d’eau affecte la quantité d’eau, mais aussi la qualité de l’eau. Les nappes phréatiques locales se sont effondrées, ce qui a rendu plusieurs sondages dysfonctionnels. 52,7 % des collectivités de la région du rift d’Albertine dépendent de l’eau des forêts riveraines pour leur usage domestique. La dégradation de ces forêts a donc de graves répercussions sur les besoins en eau des ménages.
La rareté de l’eau entraîne de longues distances et des files d’attente aux sources d’eau, les femmes font l’expérience d’une surcharge de travail domestique, décrochent de l’école plus facilement et se marient tôt pour répondre à ces activités ménagères.

La dégradation des forêts riveraines a également des répercussions négatives sur les populations de la faune terrestre et aquatique dans le rift d’Albertine. Le déclin rapide de la population d’espèces menacées comme le chimpanzé (Pan troglodytes schweinfurthii) est particulièrement préoccupant. La population cible totale est de 5 975 personnes.

Nos solutions

Afin de réduire la dégradation des forêts, le Jane Goodall Institute forme les membres de la communauté, y compris les femmes et les groupes de jeunes, à des pratiques de gestion agricole efficaces pour améliorer la fertilité des sols et accroître le rendement des cultures.
Nous encouragerons le paillage qui améliore l’humidité du sol, la culture intercalaire et la rotation des cultures, la plantation et la récolte en temps opportun et l’utilisation de variétés améliorées qui sont, par exemple, tolérantes à la sécheresse. L’accent est également mis sur une meilleure gestion sur le terrain afin de mettre un terme au brûlage des buissons et à l’évolution des pratiques agricoles. Pour que ce projet produise un résultat durable, le Jane Goodall Institute assure des activités qui favorisent des résultats écologiques, sociaux et économiques.

Les activités particulières ont ainsi pour objectif de développer des sources d’eau potable dans la zone cible :

  1. Évaluation des besoins en eau pour déterminer le niveau de stress hydrique dans les villages cibles ;
  2. Déterminer les sources potentielles d’eau à prioriser et effectuer une évaluation de la qualité de l’eau ;
  3. Développer et rénover au moins cinq sources d’eau, y compris les sources et les puits peu profonds ;
  4. Établir des comités d’usagers de l’eau (comprenant à minima 50 % de femmes) et former les membres de
    la collectivité (y compris les jeunes), pour une meilleure gestion des sources d’eau ;
  5. Créer et maintenir des zones végétales autour des sources d’eau avec des espèces d’arbres indigènes pour les protéger contre l’érosion et l’ombrage de l’eau, en plus d’aider à retenir l’humidité du sol.

En République Démocratique du Congo

Malgré une situation politique délicate rendant difficile la mise en oeuvre des projets de terrain, nous avons, cette année permis à 11 000 personnes d’accéder à des sources d’eau propres et potables.
8 comités de gestion de l’eau (48 % de femmes membres) sont en place pour assurer un accès sûr aux sources d’eau et assurer une utilisation durable de l’eau.

Plus de 500 agriculteurs et membres de la communauté sont formés à l’élevage et à la gestion du bétail

Au Sénégal

La création de puits d’eau dans les villages situés dans et autour de la commune de Dindéfélo, une région fortement touchée par le changement climatique, les saisons sèches plus longues et la rareté de l’eau pour les besoins humains, entraînant également des maladies dans les points d’eau partagés avec la faune domestique et sauvage.