Le chimpanzé de l’Ouest (Pan troglodytes verus) est en danger critique d’extinction. Entre 1990 et 2014, sa population a été réduite de 80% et selon les estimations, 99% de la population restante devraient avoir disparu en 2060 au rythme actuel. Entre 35 000 et 55 000 individus de cette sous-espèce vivent à l’état sauvage, parmi lesquelles 2500 au Sénégal.
Les principales menaces auxquelles il fait face sont la perte d’habitat et le braconnage. L’habitat est impacté par les activités humaines, déforestation et agriculture en tête.
Depuis 2009, le Jane Goodall Institute surveille la population de chimpanzés de la réserve communautaire de Dindefelo au Sud Est du Sénégal. L’équipe terrain enregistre les indices indirects du comportement des chimpanzés, mais aussi des observations directes quand cela est possible, dans le respect des conditions sanitaires et des protocoles de sécurité. Ils obtiennent des données de la présence d’autres animaux et des activités humaines, comme la collecte de bois ou la mise en pâture. De plus, depuis 2017, plusieurs caméras ont été installées dans la réserve sur des sites de passage des chimpanzés et ont ainsi mis en évidence certains comportements tels que l’usage d’outils. Au total, 21,831 vidéos ont été enregistrées en 2020. 2,169 ont enregistré des chimpanzés et 8,623 d’autres mammifères ou des oiseaux. Vous trouverez ici une vidéo montrant quelques extraits.
La biologiste Nadia Mirghani gère l’installation et la maintenance des caméras, mais aussi le visionnage et le codage des vidéos obtenues. Nadia a une longue expérience au sein du JGI, ayant ainsi réalisé sa première mission bénévole d’octobre 2016 à janvier 2018. En 2020, elle est retournée à Dindefelo pour conduire un inventaire de la réserve pour sa thèse de master en biodiversité. Elle est aussi responsable de la formation d’Aïssatou Sy, une villageoise de Dindefelo, mère de deux enfants et salariée du JGI depuis deux ans. « Aïssatou ignorait comment utiliser un ordinateur et n’avait aucune expérience en travail de terrain, mais son engagement et sa détermination à apprendre ont fait d’elle la meilleure des candidates au codage des vidéos » selon Laia Dotras, co-directrice du département de recherche du JGI au Sénégal. Depuis le début du mois de mars, Aissatou s’est formée à l’informatique, l’étude des vidéos, l’identification d’espèces et l’exportation de données sur excel. Elle s’est aussi investie dans le travail de terrain et la maintenance des caméras. Elle est maintenant familiarisée avec les lieux d’enregistrements vidéo.
« L’un des objectifs du JGI au Sénégal est l’empowerment de la population locale. La formation des Sénégalais, en particulier des femmes comme Aïssatou, donne du sens à notre travail. La formation aux nouvelles technologies contribue à un investissement à long terme des équipes locales dans la conservation des chimpanzés de Dindefelo », constate Laia Dotras. Les données obtenues contribuent non seulement à la connaissance de l’écologie et du comportement des chimpanzés, mais permet aussi au JGI de mener davantage d’actions pour la protection de leur habitat. Le développement durable est ainsi promu auprès des communautés humaines locales. La création de pépinières forestières, de puits, la réalisation d’actions de reforestation ou de lutte contre les incendies sont ainsi développés.