Malgré une forte dégradation écologique et une pratique intensive de la chasse, nous avons identifié au cours de la dernière décennie, grâce à un système d’ethnographie participative, des populations viables de chimpanzés (Pan troglodytes Verus) au Mali, dans des zones où elles ont été observées pour la dernière fois dans les années 1960.

Ces chimpanzés des savanes quasi-arides, en danger critique d’extinction, semblent avoir connu des processus d’évolution accélérés par rapport à leurs homologues des forêts tropicales humides, en raison de la faible disponibilité des ressources, comme l’indique leur diversité culturelle (habitat en falaise, construction de nids divers, techniques de recherche de nourriture par extraction, utilisation de plantes médicinales, techniques  de déplacement et de locomotion). Comme ces populations isolées survivent de façon nomade entre des niches écologiques sur une zone très étendue, nous avons conclu que la seule façon de les protéger est de sélectionner des tribus sympatriques.

Suite aux interviews que nous avons pu réaliser auprès des « anciens » de ces populations locales, il apparaît que ces tribus ont vécu en harmonie avec les chimpanzés pendant des millénaires.

Cependant, au siècle dernier, en raison du colonialisme et des campagnes missionnaires, elles ont été contraintes d’abandonner leurs anciennes traditions animistes et leurs tabous contre la chasse aux chimpanzés, qui se sont retrouvés menacés d’extinction.

C’est pourquoi le Jane Goodall Institute vise à y restaurer les traditions indigènes et à encourager la protection des chimpanzés (la souveraineté et les coutumes tribales assureront leur survie).

Ces dernières années, notre mission a réussi à mettre en place une équipe de recherche/conservation (pisteur, liaison/interprète tribal, guide et IR), tout en développant une méthodologie de collaboration et d’engagement des tribus locales.

Cette méthode est basée sur un accord de protection/conservation des chimpanzés, signé par 32 chefs de village à ce jour, dont les communautés sont réparties sur environ 1 000 km2 dans le sud-ouest du Mali, qualifiant par la même cette région de réserve.

En échange, nous leur fournissons, entre autres, le sel pour la conservation des aliments, le chlore pour l’assainissement des puits ainsi que des animaux de ferme. Nous les aidons aussi à construire des pépinières de légumes/arbres et leur fournissons des moustiquaires pour lutter contre la malaria.

Les premiers résultats ont démontré une amélioration de la condition du chimpanzé, et nous avons l’intention de poursuivre ces actions dans toute la région. Le phénomène de désertification due à la déforestation est observé sur tout le territoire du Mali. Notons que les conséquences du réchauffement climatique constituent une menace majeure pour la biodiversité.

Notre action consiste donc à planter des milliers d’arbres fruitiers et médicinaux dans les zones entourant les villages proches des zones habitées par les chimpanzés, ce qui permet de créer des « couloirs verts » entre les communautés de chimpanzés et de réduire leur isolement génétique.

D’autre part, nous avons récemment établi un partenariat avec une ONG malienne locale, nous permettant d’identifier ensemble les zones de présence des chimpanzés afin d’envisager de poursuivre notre méthodologie. La recours à des gardiens de parcs est coûteuse et nécessite une formation approfondie, c’est pourquoi au Jane Goodall Institute nous pensons que, dans des pays comme le Mali, les communautés indigènes peuvent agir comme protection idéale des espèces menacées.

Plus précisément, la relation de générations de communautés locales avec leur environnement est essentielle à la conservation, car elles connaissent intimement les écologies, l’histoire et l’état de la faune et de la végétation. Nos projets sont soutenus par le programme Roots & Shoots pour les jeunes, basé au Zoo national du Mali, où nous combinons la préservation de la diversité culturelle des chimpanzés avec l’éducation.

Enfin, nous avons récemment lancé la réalisation d’un sanctuaire pour les chimpanzés sur le domaine du zoo, sur des zones boisées naturelles et de falaises, ce qui permettra la ré-adaptation des orphelins dont les parents ont été tués par des chasseurs.

Voir le clip :

Ce programme est mené jusqu’à présent par le JGI Israël, sous la coordination de Itaï Roffman.

La création d’un Jane Goodall Institute au Mali est en cours de réalisation.
Depuis 2020, le JGI France soutient ces actions.