Un sanctuaire unique

Un sanctuaire unique en Afrique

Au Congo, l’action du Jane Goodall Institute depuis 30 ans permet une conservation réussie qui aboutit à une protection des primates incluant un retour à la vie sauvage pour ceux d’entre eux qui le peuvent. Dans les années à venir, une action collective de mise en liberté de chimpanzés est prévue, ambitieuse et unique tant dans son périmètre que par le nombre de chimpanzés concernés, les technologies et méthodologies mises en place…

Membre de l’Alliance Panafricaine des Sanctuaires, le Centre accueille des chimpanzés rescapés, ainsi que d’autres animaux victimes de trafic, notamment des mandrills, des cercopithèques et des pangolins.

Construit en 1992 et situé à 50 km au Nord de Pointe-Noire, dans la région de Kouilou au Congo-Brazzaville, le Sanctuaire de Tchimpounga est situé sur une plaine côtière couverte de savane et d’une mosaïque de forêts galeries où la canopée se rejoint au-dessus de la rivière. Outre les 26 hectares du sanctuaire, une réserve de 7284 hectares a été créée en mars 1999 et classée par le gouvernement de la République du Congo. Sa gestion a été confiée au Jane Goodall Institute. Il abrite actuellement 148 chimpanzés, nombre qui ne cesse malheureusement d’augmenter. Ce sont généralement les autorités congolaises qui amènent les bébés chimpanzés au sanctuaire, après les avoir confisqués à des chasseurs qui essayaient de les vendre comme animaux de compagnie ou attraction.

Le sanctuaire est entouré d’une réserve naturelle créée en mars 1999, surveillée par des éco-gardes originaires des villages voisins dont les salaires sont financés par le Jane Goodall Institute. Alors qu’à l’origine le site n’était destiné à accueillir qu’une quarantaine de résidents. En 2011, pour réduire le surpeuplement de Tchimpounga, l’Institut a obtenu du gouvernement du Congo l’extension du sanctuaire à trois îles situées dans le fleuve Kouilou, où, à terme, environ cent vingt primates pourront être déplacés et vivre dans un habitat plus naturel. À ce jour, cinquante-sept des chimpanzés les mieux préparés ont été transférés sur les îles Tchindzoulou, Ngombe et Tchibebe.

Réintroduction

Le programme de réintroduction des chimpanzés

L’Institut met en œuvre un programme à long terme visant, d’une part, la réintroduction de certains chimpanzés du sanctuaire dans la nature et, d’autre part, son réaménagement complet en vue d’améliorer les conditions d’accueil de ceux qui ne pourront pas être relâchés car malades ou trop vieux. Un nouveau site réparti sur trois îles du fleuve Kouilou a été identifié, plus adapté et viable sur le long terme, sur lequel l’Institut a entrepris de transférer certains chimpanzés du sanctuaire principal. Aujourd’hui une soixantaine de chimpanzés vit en semi-liberté sur l’île, dans deux grands enclos boisés. Ils apprennent à chercher leur nourriture, à construire des nids et à développer les liens sociaux nécessaires à leur survie en milieu naturel et commencer à se déshabituer de l’homme.

Puis, nous avons introduit d’autres groupes de chimpanzés au cœur d’une zone protégée, qui sont les deux autres îles du fleuve : Ngombe et Tchibebe.

Le programme de réintroduction nécessite une préparation minutieuse, il faut sélectionner les individus aptes (études comportementales, examens génétiques et médicaux, etc…) et repérer un site naturel susceptible de les accueillir de manière pérenne (étude des espèces végétales présentes, des interactions possibles avec les communautés de chimpanzés sauvages, évaluation des conflits potentiels avec les villageois, etc.). Au sanctuaire principal, de nombreuses activités ont été créées : un « terrain de jeu de chimpanzés », une structure d’escalade qui permet aux chimpanzés de profiter de certaines des activités qu’ils pourraient apprécier s’ils étaient dans un habitat naturel. Ces structures offrent des heures de plaisir et de stimulation pour les individus qui ne sont pas encore prêts à vivre sur une île ou qui, en raison de problèmes de comportement ou de santé, ne peuvent quitter le sanctuaire principal. De plus, des « chimpanzee walkways » ont été construits pour faciliter l’accès à la foret quand le niveau des eaux est trop élevé.

Mambou

Autres espèces

Le soin apporté aux autres espèces et aux Mandrills en particulier

Tous les primates jouent un rôle important dans leurs écosystèmes. Depuis la propagation de graines jusqu’à la transformation physique de leur environnement, en jouant le rôle « d’ingénieurs d’écosystèmes » les primates maintiennent les forêts en vie et en bonne santé pour tous les autres organismes qui constituent leur habitat. L’Institut fait tout son possible pour protéger autant d’espèces de primates que possible.
Le sanctuaire de Tchimpounga soigne et réhabilite un grand nombre de mandrills sauvés. Classés primates de l’Ancien Monde, les mandrills sont une espèce très spéciale. Comme les chimpanzés, les mandrills sont menacés par le trafic d’animaux sauvages, car ils sont très prisés pour leurs couleurs vives.

A Tchimpounga, nous prenons soin et relâchons des mandrills dans les forêts du Parc National de Conjouati-Douli. Relâchés en groupes, ils sont munis de colliers émetteurs pour un suivi à long terme et sont suivis de près par l’équipe de l’Institut.

Depuis 2008, nous avons relâché 18 mandrills. 12 ont été relâchés en deux groupes depuis 2014 et à date, trois mandrills sont nés dans ce groupe relâché. C’est un indicateur impressionnant de la viabilité des mandrills relâchés, car ils ne font pas que survivre, mais prospèrent. Les mandrills qui n’ont pas été considérés aptes à être relâchés restent accueillis à Tchimpounga, où ils continuent de recevoir des soins de qualité.

Group of mandrills released at Conkouati National Park by JGI Congo.

Les éco-gardes

Les éco-gardes de Tchimpounga

Afin de protéger la réserve, le Jane Goodall Institute au Congo (JGI Congo) a engagé des éco-gardes issus des communautés locales pour surveiller et patrouiller la zone. Ces éco-gardes enregistrent les activités illégales et ont arrêté un certain nombre de chasseurs, de pêcheurs et de brûleurs à charbon qui opèrent illégalement dans la réserve. Les gardiens participent également à l’arpentage des terres, contribuant ainsi à constituer une banque d’information sur tous les habitants de la réserve.

Du fait de leurs rencontres fréquentes avec les braconniers, les éco-gardes reçoivent une formation intensive sur la manipulation des armes, les techniques de patrouille, la navigation forestière, le fonctionnement et la sécurité des bateaux, l’application de la loi et la condition physique. Comme dans les autres lieux dont nous nous occupons, les nouvelles technologies de cartographie ont également été introduites, afin que les éco-gardes puissent prioriser les zones de patrouille et identifier les points chauds d’activité illégale. Avec tant de terrain à couvrir, des abris de patrouille et d’autres commodités pratiques ont été construits dans toute la réserve.

Des barrières de sécurité ont été mises en place pour aider le travail des éco-gardes. Elles ont été particulièrement utiles durant la période du COVID 19, pendant laquelle le braconnage et le trafic illégal des espèces a été en forte augmentation.

De plus, nous avons lancé un programme de détection avec des « chiens renifleurs» qui sont utilisés par les unités de lutte contre le braconnage partout dans le monde pour détecter les crimes contre la faune. Après une formation poussée d’experts internationaux, quatre chiens et trois maitres-chiens aident dorénavant les éco-gardes à détecter des preuves de chasse à la viande de brousse et de munitions à canon.

L’exemple de Kabi

Un exemple de prise en charge d’un chimpanzé à Tchimpounga : Kabi

Début 2018, une équipe de gardes forestiers effectuant une patrouille de routine dans la zone frontalière de Likouala, au nord de la République du Congo, est tombée sur un camp de fortune de braconniers, caché au milieu de la forêt. Le spectacle était épouvantable : de nombreuses carcasses d’animaux fraîchement dépecés, des parties de corps et des peaux étaient éparpillées sur le sol. Les chasseurs ayant pris la fuite, les gardes ont confisqué tout ce qu’ils ont trouvé, y compris, à leur grande surprise, un bébé chimpanzé bien vivant.

Âgé d’environ deux ans, le chimpanzé était beaucoup trop jeune et vulnérable aux attaques pour pouvoir se débrouiller seul dans la forêt. De plus, ayant été en contact avec des humains, il pouvait être porteur de maladies transmissibles à d’autres chimpanzés.
Selon toute vraisemblance, il avait été capturé – et sa mère tuée – pour être vendu illégalement comme animal de compagnie ou comme divertissement. Un sort terrible pour les chimpanzés qui, dans la nature, sont dépendants de leur mère pendant les sept à dix premières années de leur vie tant d’un point de vue physique que d’un point de vue cognitif. En effet, les chimpanzés allaitent leurs petits jusqu’à l’âge de cinq ans environ et leur transmettent pendant toutes ces années et au-delà des compétences précieuses pour la vie.

Sachant que le Centre de réhabilitation de Tchimpounga du Jane Goodall Institute serait en mesure de fournir à ce bébé chimpanzé les meilleurs soins possibles, les autorités y ont organisé son transfert. À son arrivée, Kabi – nommé ainsi d’après la ville de Mokabi située près de l’endroit où il a été trouvé –, était en bonne santé si on le compare à de nombreux autres chimpanzés secourus amenés au sanctuaire. Il n’avait aucune blessure et était émotionnellement stable. Il souffrait cependant de parasites intestinaux pour lesquels il a été immédiatement traité. Bien que les humains ne puissent jamais remplacer complètement une mère chimpanzé, il a reçu des soins permanents de la part de sa mère adoptive, Christel, soignante au Jane Goodall Institute. Présente à ses côtés vingt-quatre heures sur vingt-quatre, Christel s’est appliquée à ce qu’il acquiert les compétences physiques et sociales nécessaires à tout chimpanzé sauvage vivant en groupe. Puis Kabi s’est joint à d’autres pensionnaires recueillis pour jouer, tisser des liens avec ses congénères et apprendre la dynamique sociale de la vie en groupe. Plus tard, le personnel évaluera s’il peut être transféré sur l’une des îles sanctuaires.

Sensibilisation

De la technologie à la télévision : tous les moyens sont mis en œuvre pour notre travail de conservation et de sensibilisation

Le Jane Goodall Institute dans son ensemble, sur les traces du Dr. Jane Goodall, utilise les nouvelles technologies afin d’obtenir des résultats toujours plus pointus.

A Tchimpounga, 30 pièges à caméra ont été installés dans des endroits stratégiques en 2019, dispersés dans les zones les plus représentatives et les zones qui ont le potentiel d’abriter des espèces intéressantes. Le but principal est d’essayer de capturer des images de la plus grande quantité possible de chimpanzés sauvages, afin de les compter et de les identifier. À cette fin, les caméras ont été placées dans les zones où les chimpanzés se déplacent, des routes qu’ils ont créées eux-mêmes et qu’ils utilisent fréquemment pour naviguer dans la forêt.

Les caméras sont installées dans des troncs d’arbres et elles ont une autonomie de plusieurs mois en raison de leur système de batterie. La mémoire est stockée dans le GPS, ce qui permet au personnel de la réserve de retourner à l’emplacement de la caméra facilement.
Afin de sensibiliser les populations locales, le Jane Goodall Institute met en place non seulement de grandes campagnes de sensibilisation sur les routes et les villages via des grands panneaux, mais participe également à la production et diffusion d’une série télévisuelle éducative pour enfant à succès. Le héros de celle-ci, « Super Kodo », se bat pour protéger les animaux et la flore locale.

D’ailleurs, Carel Mousesi, ce jeune garçon devenu une star dans son pays, est devenu éco-garde à Tchimpounga !

Super Kodo et son amie Godelin

Toutes les photos de cette page internet, sont de Fernando Turmo ©Fernando Turmo.
Vivant à Tchimpounga, son talent de photographe permet au Jane Goodall Institute de pouvoir partager avec vous la vie de ce sanctuaire extraordinaire. Merci à lui !

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Des portraits de chimpanzés qui ont marqués le Dr. Jane Goodall et toutes les équipes du Jane Goodall Institute

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