Éthologie
Le mot "éthologie" a été introduit en 1854, découvrez sa signification et comment le Dr. Jane Goodall a révolutionné la discipline par ses brilantes découvertes sur les chimpanzésL’éthologie est l’étude scientifique du comportement des espèces animales, y compris l’humain, dans leur milieu naturel ou dans un environnement expérimental, par des méthodes scientifiques d’observation et de quantification des comportements animaux.
C’est une science transversale, qui implique des disciplines variées
comme la biologie, la sociologie, la psychologie sociale, les
neurosciences … C’est cette multiplicité des approches qui en fait tout
l’intérêt.
Pour les passionnés de chimpanzés, comprendre l’éthologie, ses
origines, ses méthodologies, ses implications est un vrai atout !
Découvrez ici ce qu’est l’éthologie, et plus particulièrement l’éthologie
des chimpanzés.
Et les dernières avancées scientifiques vulgarisées.
Cette partie vous est présentée par notre bénévole, Marion Laporte,
éthologue.
Éthologie
Le mot « éthologie » a été introduit par le naturaliste Isidore Geoffroy Saint-Hilaire en 1854 et provient du grec « ethos » qui signifie mœurs et « logos » qui désigne la science. Cette “science des mœurs” correspond à l’étude scientifique du comportement de toutes les espèces animales, des invertébrés jusqu’à l’homme et a même récemment été ouvert aux végétaux !
Les fondements de cette science ont été posés il y a moins de cent ans, par les naturalistes Karl von Frisch, Konrad Lorenz et Nikolaas Tinbergen et s’appuient sur la théorie de l’évolution et de la sélection naturelle développée par Charles Darwin en 1859.
L’étude d’un comportement se fait par observation ou expérimentation, dans le milieu naturel ou expérimental et s’appuie sur quatre questions fondamentales regroupées en deux ensembles :
Des causes dites proximales, qui correspondent aux éléments déclencheurs d’un comportement dans la vie d’un individu : quels sont les facteurs qui déclenchent un comportement ? À quoi sert ce comportement, quelle est sa fonction pour l’individu et son utilité pour sa survie ?
Des causes dites « ultimes » qui correspondent aux éléments à l’origine d’un comportement au niveau de l’espèce : comment ce comportement apparaît au cours du développement d’un individu, quelle est son ontogénèse? Comment ce comportement émerge au cours de l’évolution, quelle est sa phylogénèse ?
L’éthologie est donc une science très complète et interdisciplinaire car elle fait appel à de nombreuses disciplines telles que la physiologie, les sciences cognitives, les neurosciences, le génétique, l’écologie ou encore l’évolution. Elle permet de mieux comprendre les comportements des animaux et trouve son application dans les élevages, les parcs zoologiques ou la conservation des espèces dans leurs milieux naturels.
En termes méthodologiques, l’éthologie est aussi intéressante car elle nous rappelle la valeur de l’observation : Ne pas projeter trop vite ce que l’on pense savoir ou avoir compris. Prendre le temps d’une observation neutre, à la fois rigoureuse et ouverte aux étonnements: prendre le temps d’observer les micros-détails, les interactions, les contradictions, la complexité des signes qui ne font sens que dans le contexte et une fois regardés de façon holistique.
Et les chimpanzés ?
Avec un ancêtre commun il y a environ 7 millions d’années, les chimpanzés et les bonobos sont les espèces les plus proche de l’homme. Nous partageons en effet 99 % de notre ADN avec eux ! Les observations éthologiques de ces grands singes ont permis d’importantes avancées dans la compréhension de leur comportement mais aussi dans la définition de ce que signifie être humain. C’est en 1960 que Jane Goodall a révolutionné cette discipline, en rapportant notamment que les chimpanzés utilisaient des outils. On pensait alors que c’était le propre de l’humain. Ses méthodes de recherche et ses travaux d’observation sur le long terme, en immersion dans un groupe de chimpanzés sauvages en Tanzanie, ont contribué à complètement revoir la place de l’humain dans le règne animal. De nombreux comportements autrefois considérés comme exclusivement humains pourraient avoir été hérités d’ancêtres communs que nous partagions avec les chimpanzés il y a des millions d’années comme :
- La fabrication et l’utilisation d’outils. Les chimpanzés utilisent des bâtons pour extraire les termites de leur termitière ou comme « lance » pour chasser des petits primates (galagos), des pierres pour casser des noix ou des « éponges » pour récupérer de l’eau des troncs d’arbres.
- La culture. Les chimpanzés sont présents dans de nombreux pays d’Afrique équatoriale et manifestent des différences culturelles importantes, notamment dans l’utilisation des outils, mais aussi dans les vocalisations utilisées (dialectes).
- La chasse. Les chimpanzés étaient autrefois considérés comme végétariens, mais nous savons aujourd’hui qu’ils sont en réalité omnivores comme nous ! Ils chassent en groupe et partagent le produit de leur chasse. Ils consomment en général la viande d’autres primates (colobes notamment) mais aussi de petites antilopes et jeunes potamochères.
- La guerre. Les chimpanzés forment des patrouilles afin de sécuriser les abords de leur territoire. Lorsque deux communautés se rencontrent, elles peuvent s’engager dans des interactions très agressives voire mortelles.
- La communication. Les vocalisations des chimpanzés sont très diverses et Jane Goodall a pu distinguer jusqu’à 32 vocalisations différentes basées sur cinq principales catégories qui sont produites dans des contextes différents. Les vocalisations peuvent aussi être combinées en séquences plus ou moins longues et qui peuvent présenter des différences selon les communautés (dialectes). Les chimpanzés communiquent aussi avec un riche répertoire gestuel lorsqu’ils sont à proximité.
- Les relations sociales. Les chimpanzés vivent en communauté de fission-fusion dans laquelle la taille et la composition du groupe social évolue selon le moment de la journée. Les chimpanzés choisissent donc avec quels autres individus ils vont passer du temps selon leur intérêt (nourriture, reproduction, hiérarchie, affinité, etc). Jane Goodall fut la première à reconnaître que chaque individu avait sa propre personnalité et avait été à l’époque critiquée pour son anthropomorphisme. Elle observa aussi les relations étroites entre les femelles et leurs petits. Les mères chimpanzés conservent des liens privilégiés avec leurs enfants, même lorsque ceux-ci deviennent adultes. Des femelles et même des mâles peuvent parfois adopter un orphelin.
Protection des chimpanzés et de la faune sauvage
En 50 ans, 70% des populations de grands singes ont disparu, et on estime que la population des chimpanzés aura été divisée par deux entre 1970 et 2030. On considère ainsi qu’il ne reste plus que 300 000 chimpanzés à l’état sauvage, et ils sont tous sur la liste rouge de l’UICN des animaux en voie de disparition.
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